Pendant près d’une semaine, les Ministres de l’environnement et les experts venus de tout le continent ont débattu, à l’occasion de la 10e session extraordinaire de la Conférence Ministérielle Africaine sur l’Environnement (CMAE), des mesures à prendre pour répondre aux défis environnementaux auxquels l’Afrique fait face.
Cette importante rencontre placée sous le thème « rehausser l’ambition de l’Afrique de lutter contre la dégradation des terres, la désertification et la sécheresse », s’est achevée le 6 septembre 2024 à Abidjan, avec des engagements forts pris part les Ministres.
Face aux cas de sécheresses, plus fréquentes et plus sévères, ceux-ci ont réitéré l’appel en faveur de la création d’un protocole juridiquement contraignant pour la gestion de ces fléaux. Ils entendent ainsi renforcer la résilience des pays touchés par les phénomènes climatiques extrêmes, particulièrement en Afrique et mettre en œuvre un texte de la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification (CNULCD/UNCCD) qui s’inscrit dans ce cadre.
« Nous devons aller au-delà des déclarations et des promesses pour passer résolument à l’action. Comme Madame la Commissaire de l’Union Africaine l’a souligné plus tôt, la réflexion a été suffisamment menée. Les outils et les stratégies sont là, les plans d’action sont nombreux. Nous devons maintenant les mettre en œuvre » a plaidé le Ministre Assahoré Konan Jacques, qui s’est exprimé au cours de la cérémonie de clôture de cette 10e session extraordinaire.
La nécessité de consolider les partenariats internationaux, régionaux et locaux a été au cœur des échanges. A ce sujet, les États, la société civile, le secteur privé et les organisations internationales ont été appelé à unir leurs efforts pour lutter contre la désertification et la dégradation des terres. Ces partenariats, combinés à un appui financier et technique, ont été jugés essentiels pour soutenir les pays africains dans leur quête d’un développement durable.
La mobilisation des ressources demeure un défi de taille, c’est pourquoi des pistes innovantes ont été proposées, notamment, le développement des marchés du carbone structuré en Afrique. Cela représenterait une opportunité pour le continent de renforcer sa stratégie de réduction des émissions et de générer des revenus tout en protégeant ses écosystèmes.
La déclaration finale appelle chaque pays à prendre en compte dans les plans de développement nationaux, la neutralité en matière de dégradation des terres d’ici 2030.
Toute cette volonté africaine ne saurait se réaliser sans une vision partagée, comme le rappelle le Ministre Ivoirien :
« La prochaine étape de cette lutte importante, que ce soit la COP 16 sur la désertification et la sécheresse, la COP 16 sur la diversité biologique, la COP 29 sur le changement climatique, ou encore la cinquième session du Comité intergouvernemental de négociation (ICN5) pour faire adopter un instrument juridiquement contraignant sur la pollution plastique, je vous invite à rester des champions de cette cause commune ».
Dans le cadre de ces rendez-vous internationaux sur l’environnement, M. Assahoré Konan Jacques reste confiant :
« Ensemble, unis dans une vision commune, nous pouvons transformer nos ambitions en réalité. Ensemble, nous pouvons bâtir un avenir où les terres africaines sont fertiles, où la sécurité alimentaire est assurée, où la pollution plastique est réduite et où la dignité humaine est préservée ».
𝐋’𝐚𝐩𝐩𝐮𝐢 𝐢𝐧𝐬𝐭𝐢𝐭𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 𝐚𝐟𝐫𝐢𝐜𝐚𝐢𝐧 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐫𝐞𝐥𝐞𝐯𝐞𝐫 𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞́𝐟𝐢𝐬
Les résultats de la 10e session extraordinaire seront présentés à la COP16 de la CNULCD, au Comité des Chefs d’État et de Gouvernement Africains sur le changement climatique, et à la session ordinaire de l’Assemblée des Chefs d’État et de Gouvernement de l’Union Africaine qui se tiendra en 2025.
Actuellement, environ 65 % des terres en Afrique sont dégradées, affectant plus de 400 millions de personnes. Selon la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Ecosystémiques (IPBES), la dégradation des terres touche 3,2 milliards de personnes dans le monde, dont la plupart se trouvent dans les pays en développement.
Chaque année, environ 4,4 millions d’hectares de terres productives sont perdus à cause de la désertification, réduisant la productivité agricole et causant la sous-alimentation pour environ 68,1 millions de personnes en Afrique.
La désertification entraîne la perte d’environ 27 000 espèces chaque année et coûte à l’économie mondiale 10 % de son PIB chaque année, l’Afrique subsaharienne supportant 22 % du coût global de la dégradation des terres. Plus de 23 millions de personnes dans la corne de l’Afrique et 23,5 millions dans le Sahel font face à une grave insécurité alimentaire en raison de la sécheresse et de la dégradation des terres.
Source : environnement.gouv.ci