Du lundi 28 au mercredi 30 avril 2025, le ministère des Mines, du Pétrole et de l’Énergie organise, au Radisson Blu Hôtel à Abidjan, un atelier majeur sur le rôle de l’Exploitation Minière Artisanale et à Petite Échelle (EMAPE) dans l’économie ivoirienne. Placée sous le thème « Quelle contribution de la petite mine au développement du secteur minier en Côte d’Ivoire ? », cette rencontre vise à diagnostiquer la situation actuelle de l’EMAPE et à formuler des recommandations pour dynamiser ce sous-secteur stratégique.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le ministre Mamadou Sangafowa-Coulibaly a planté le décor en rappelant l’importance de l’EMAPE, historiquement portée par des nationaux et des entreprises ivoiriennes. « Cette activité constitue un levier fondamental pour le développement de notre pays, notamment au niveau des communautés locales », a-t-il insisté.
L’impact de la petite mine limité
Toutefois, il a regretté que l’impact positif de la petite mine demeure limité, principalement en raison de l’incapacité à capter l’intégralité de la production artisanale, qui, selon certaines sources, équivaudrait à celle du secteur industriel.
En effet, de 2022 à 2025, 456 autorisations d’exploitation à petite échelle ont été délivrées, contre 229 entre 2015 et 2021. Malgré cette accélération administrative, saluée par les acteurs du secteur, la production déclarée reste modeste : 730 kilogrammes en 2024, soit à peine 1,2 % des 59 tonnes d’or produites au plan national la même année. Une contribution bien inférieure à celles des pays voisins tels que le Mali (10,34 %), le Burkina Faso (15,17 %) et le Ghana (35 %).
Mamadou Sangafowa-Coulibaly a appelé à une réflexion profonde sur de nouvelles stratégies pour formaliser et dynamiser le secteur, tout en protégeant les communautés et l’environnement
Au-delà de cette faible participation à la richesse nationale, le ministre a pointé du doigt les externalités négatives de l’EMAPE, souvent assimilée par les populations à l’orpaillage illégal. Insécurité, désorganisation du tissu socio-économique, dégradations environnementales liées à l’usage de produits chimiques dangereux : le tableau est préoccupant. Mamadou Sangafowa-Coulibaly a appelé à une réflexion profonde sur de nouvelles stratégies pour formaliser et dynamiser le secteur, tout en protégeant les communautés et l’environnement.
Les travaux de l’atelier s’articuleront autour de plusieurs axes. D’abord, un état des lieux permettra d’identifier les forces et faiblesses de la petite mine. Ensuite, les participants analyseront les enjeux économiques, sociaux, environnementaux et institutionnels liés à l’EMAPE. Les entraves à sa formalisation et à sa durabilité seront minutieusement étudiées, de même que les bonnes pratiques observées dans d’autres pays, notamment en matière de traçabilité, de fiscalité, de préservation de l’environnement et de gestion communautaire.
L’objectif de l’atelier
L’objectif est clair : aboutir à des recommandations opérationnelles fortes pour inspirer l’élaboration de politiques publiques adaptées et mettre en place des mécanismes d’accompagnement efficaces. Toutes les parties prenantes – administrations, opérateurs miniers, sociétés civiles, ONG, experts – sont invitées à échanger librement pour faire émerger des solutions durables et innovantes.
Cette dynamique s’inscrit dans la vision du président Alassane Ouattara, qui ambitionne de faire du secteur minier l’un des principaux piliers économiques de la Côte d’Ivoire. À travers une exploitation mieux structurée et mieux encadrée de la petite mine, le gouvernement espère générer davantage de richesses locales, renforcer la création d’emplois et réduire la pauvreté dans les régions concernées.
Dans un contexte de forte croissance de l’exploitation industrielle de l’or, nous devons porter notre attention sur l’exploitation artisanale et à petite échelle, tout aussi stratégique pour notre pays
Bien avant le ministre, le directeur général des Mines et de la Géologie, Coulibaly Seydou, a souligné l’urgence de l’heure. « Dans un contexte de forte croissance de l’exploitation industrielle de l’or, nous devons porter notre attention sur l’exploitation artisanale et à petite échelle, tout aussi stratégique pour notre pays », a-t-il martelé.
Selon lui, l’EMAPE est un secteur à fort potentiel, capable de générer des milliers d’emplois directs et indirects, d’insuffler une dynamique économique locale et d’apporter de la résilience aux communautés rurales. Mais cet immense potentiel est aujourd’hui miné par plusieurs défis : informalité massive, insécurité, pertes économiques importantes, fuites de capitaux estimées à plusieurs milliards de francs CFA par an.
L’atelier structuré
L’atelier, structuré en sessions plénières et en commissions de travail, devra ainsi permettre une meilleure compréhension des problématiques du terrain et aboutir à un véritable plan d’action pour intégrer pleinement la petite mine dans l’économie formelle ivoirienne.
Pour Coulibaly Seydou, la réussite de cet exercice repose sur l’implication sincère de tous les acteurs : « Ce n’est qu’à travers une réflexion collective et constructive que nous pourrons transformer l’EMAPE en moteur de développement, dans le respect de nos normes environnementales et sociales ».
La Côte d’Ivoire, riche de ses ressources minières, se donne ainsi les moyens de renforcer l’inclusivité et la durabilité de son secteur extractif, en misant aussi sur la petite mine, longtemps restée à la marge du boom aurifère national.
Source : www.linfodrome.com