Pour la seconde année consécutive, un homme du pétrole présidera la conférence de l’ONU sur le climat. La COP 29 se déroulera en novembre à Bakou.
L’Azerbaïdjan, qui accueillera en novembre 2024 la 29e conférence de l’ONU sur le climat, a annoncé ce vendredi qui présidera la cérémonie. Il s’agit de son ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles Mukhtar Babayev, un ancien de la compagnie pétrolière nationale Socar, a indiqué à l’AFP Rashad Allahverdiyev, un responsable du ministère, dans un courriel.
Ce sera la deuxième année de suite qu’une COP sur le climat est présidée par un homme ayant de hautes responsabilités dans la compagnie pétrolière nationale de son pays. En 2023, les Émirats arabes unis, hôtes de la COP28, avaient choisi Sultan Al Jaber, patron de la compagnie nationale Adnoc, pour présider la conférence de l’ONU.
La présidence sortante de la COP a d’ailleurs félicité sur X (ex-Twitter) Mukhtar Babayev, qui représentait son pays aux négociations de Dubaï. « Nous travaillerons avec les présidences de la COP29 et de la COP30 (au Brésil), ainsi qu’avec l’ONU Climat, pour concrétiser le succès historique et transformateur de la COP28 et maintenir l’objectif de 1,5 °C à portée de main », a-t-elle écrit. Le gouvernement azerbaïdjanais a également nommé le vice-ministre des Affaires étrangères, Yalchin Rafiyev, comme négociateur en chef pour la COP29.
La COP28 s’est conclue à Dubaï sur un appel historique à une « transition » hors des énergies fossiles, la première fois qu’une COP lançait un tel appel. La France avait salué « une victoire du multilatéralisme et de la diplomatie climatique », par la voix de sa ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, présente à Dubaï.
Les COP sont organisées chaque année dans une zone différente, et les pays hôtes sont désignés par consensus par les pays de la zone. En 2023, les pays asiatiques avaient désigné les Émirats, et cette année, après des mois de blocage, c’est finalement l’Azerbaïdjan qui a été désignée par les pays d’Europe de l’Est, qui incluent la Russie.
Un pays très dépendant des hydrocarbures
Mukhtar Babayev a travaillé de 1994 à 2003 au département des relations économiques extérieures de Socar (State Oil Company of Azerbaijan Republic), la compagnie nationale pétrolière et gazière du pays, avant de changer pour le département du marketing et des opérations économiques. De 2007 à 2010, il fut vice-président chargé de l’écologie de la compagnie pétrogazière. Il est ministre de l’Écologie et des Ressources naturelles depuis 2019.
Les présidents de COP, historiquement, ont tous été des ministres ou des diplomates, jusqu’à l’exception de 2023. Sultan Al Jaber est président d’Adnoc, l’un des plus gros producteurs de gaz et de pétrole du Golfe, tout en ayant représenté de multiples fois son pays aux COP, et en dirigeant la société émiratie d’énergies renouvelables, Masdar. Sa double casquette avait été critiquée pour le risque de conflits d’intérêts.
Le paysage de la prochaine COP rappellera par ailleurs les Emirats. Bakou fut l’une des capitales mondiales du pétrole au début du XXe siècle, explique Francis Perrin, spécialiste de l’énergie à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), « avec des intérêts russes, Shell et les frères Nobel à l’époque ». Le pays a développé à partir des années 1990 de gros gisements pétroliers et gaziers en mer Caspienne, poursuit-il.
Aujourd’hui, le gaz est devenu plus important que le pétrole pour l’Azerbaïdjan, membre de l’Opep +, principalement exporté vers l’Europe. « Le pays reste aujourd’hui très dépendant des hydrocarbures qui représentent un peu moins de 50 % de son PIB, un peu plus de 50 % de ses recettes budgétaires et un peu plus de 90 % de ses recettes d’exportation », ajoute Francis Perrin.
Source : www.leparisien.fr