En 2023, la Côte d’Ivoire a certes poursuivi son embellie économique entamée en 2022 avec un taux de croissance de 7%, mais a été éprouvée par l’inflation mondiale marquée par une hausse des prix de certaines denrées alimentaires, du pétrole, sans toutefois omettre la perspective d’une croissance à long terme avec notamment l’entrée en production du gisement « baleine », et la réalisation d’infrastructures routières et socio-économiques.
L’inflation marquée par la hausse du prix de certaines denrées alimentaires, du pétrole et de l’électricité
Selon l’Institut national de la statistique (INS), l’inflation en moyenne annuelle se situe à + 4,5 % en novembre 2023, soit une baisse par rapport au mois précédent qui s’établissait à 4,6 %. Le taux d’inflation de la Côte d’Ivoire est supérieur au seuil communautaire de 3%.
La hausse du prix de certaines denrées alimentaires telles que le sucre, le riz local a amené les ministères en charge du commerce, de l’industrie, du budget et de l’agriculture à prendre une décision interdisant l’exportation de ces produits du 18 septembre au 31 décembre 2023, sur toute l’étendue du territoire national. Cette mesure vise à lutter contre la cherté de la vie.
Le litre du super est passé de 775 FCFA à fin 2022 à 875 FCFA, depuis octobre, soit une hausse de 100 FCFA. Le prix du gasoil fixé à 715 FCFA a connu sur l’ensemble de l’année une hausse de 60 FCFA.
« Rien que pour le mois d’octobre 2023, c’est un effort de 13 milliards FCFA que l’État consentira pour maintenir ces niveaux de prix indiqués, soit un effort cumulé à fin octobre 2023 de 68 milliards FCFA », a indiqué le ministre des Mines, du Pétrole et de l’Énergie, Mamadou Sangafowa Coulibaly, au cours d’une conférence de presse.
Quant à l’électricité, Sangafowa-Coulibaly a annoncé le 26 décembre, l’ajustement du prix de l’électricité de 10% à l’ensemble des abonnés (ménages, industriels et administrations), soit environ quatre millions d’abonnés à compter du 1er janvier 2024 pour sécuriser le secteur.
Cet ajustement fera passer le prix moyen de vente de 79 FCFA/kWh à 87 FCFA/kWh, pour un coût de revient moyen de 89 FCFA/kWh. « Pour la stabilité dans le secteur de l’électricité (…) Il faut un ajustement de 27% sur les tarifs de l’électricité » a-t-il relevé indiquant que l’année 2023 se terminera avec une perte d’exploitation d’environ 127 milliards de FCFA.
Selon la Banque africaine de développement (BAD), l’inflation devrait reculer à 3,7 % en 2023, puis à 2,7 % en 2024, grâce à l’amélioration de l’offre locale de produits alimentaires et la poursuite de la lutte contre la cherté de la vie.
Des lueurs de développement peuvent se profiler malgré les répercussions des crises mondiales et les tensions inflationnistes
Des projets soutenant les perspectives de croissance à long terme
« La poursuite des investissements dans l’infrastructure réseau, notamment dans les secteurs du numérique et des transports, ainsi que l’exploitation des découvertes récentes de pétrole, associée à des politiques macroéconomiques prudentes, devraient renforcer la confiance des entreprises et accroître la productivité », relève la Banque mondiale dans un document retraçant les perspectives positives pour l’économie ivoirienne dans les deux prochaines années.
Ainsi, l’entrée en production du gisement gazier et pétrolier « Baleine » découvert en 2021– 2022 pourrait induire une hausse du taux de croissance économique à 7,2 % en 2023 et à 7 % en 2024. Les réserves du gisement « Baleine » sont certifiées aujourd’hui à 2,5 milliards de barils de pétrole et 3,300 milliards de pieds cubes de gaz naturel associé. D’ici l’horizon 2027, la production journalière de « Baleine » atteindra les 150.000 barils/jours, ce qui portera la production totale de brute du pays à 200.000 barils/ jour.
Du côté du gaz naturel de « Baleine », la production atteindra dans le même horizon 200 millions de pieds cubes/jour et au niveau de sa qualité, le brut est classé parmi les meilleurs à l’international.
Dans le cadre de l’amélioration de la fluidité routière, le gouvernement ivoirien a livré en 2023 des infrastructures de mobilité régionales avec notamment la finalisation de l’autoroute Yamoussoukro-Tiebissou, l’accélération de la « côtière », l’inauguration en août 2023 de la nouvelle autoroute, Tiébissou-Bouaké. Le Premier ministre ivoirien, Beugré Mambé prévoit avant la fin de l’année 2023, l’ouverture du 4ème pont ainsi que celle de la voie Y4.
Au niveau des infrastructures socio-économiques, le Parc des expositions d’Abidjan, un édifice événementiel destiné aux expositions, salons et foires en Côte d’Ivoire, situé dans la commune de Port-Bouët a été inauguré le17 juillet par l’ex-Premier ministre, Patrick Achi.
Des infrastructures s’inscrivant dans l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2023 ont également été livrées au cours de cette année.
De grands rendez-vous économiques rehaussés par des promesses d’investissements
La 6ème édition du salon international de l’agriculture et des ressources animales (SARA) qui s’est tenue du 29 septembre au 05 octobre et placée sous le thème, « L’agriculture africaine face aux chocs internes et externes : quelles innovations structurelles pour améliorer les secteurs agricoles et garantir la souveraineté alimentaire », a enregistré des intentions d’investissements d’au moins 403 milliards de FCFA contre 238 milliards FCFA en 2019.
La 43ème édition de la Journée mondiale de l’alimentation (JMA) autour du thème, « L’eau c’est la vie, l’eau nous nourrit. Ne laisser personne de côté » a été une occasion pour l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) d’annoncer la mise en œuvre du projet SAGA 2 en Côte d’Ivoire pour une agriculture adaptée et résiliente. Le projet est financé entièrement par le gouvernement du Québec à hauteur de cinq millions de dollars US, soit environ trois milliards de Francs CFA repartis entre trois pays à savoir, la Côte d’Ivoire, le Sénégal et Haïti. La FAO a été retenue pour sa mise œuvre en Côte d’Ivoire sur la période 2023 – 2026.
La 9ème édition du salon de l’Architecture et du bâtiment (Archibat) avec pour thème, « Architectes durables et industries locales », a permis de valoriser le savoir-faire des industries locales garantissant la matière première sur des circuits courts dans le double objectif de réduire l’empreinte carbone pour protéger l’environnement mais aussi dans un souci de réduction des coûts finaux. Le salon vise également à réfléchir sur les besoins actuels de logement estimés à 833.000 unités, selon le ministre de la Construction du Logement et de l’Urbanisme, Bruno Koné.
De son côté, pour le développement des entreprises, la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) s’est proposée de réfléchir pour la 11ème édition de « CGECI Academy » sur la croissance durable des entreprises et a mis le cap sur la compétitivité. L’objectif global de l’édition 2023 est de proposer des solutions viables pour assurer la compétitivité des entreprises africaines afin de permettre leur développement durable à long terme.
De belles performances en perspective
Selon les estimations de la Banque mondiale, à l’avenir, la croissance réelle du PIB de la Côte d’Ivoire devrait s’établir en moyenne à 6,5 % en 2024-2025.
La croissance projetée reposerait sur plusieurs secteurs de l’énergie, les BTP, l’extraction minière, l’industrie l’agroalimentaire, le commerce, les télécommunications, l’agriculture, et sur l’investissement et la consommation.
Le Rapport économique et financier pour la Loi de finances 2023 indique que la mise en œuvre effective et efficace du PND 2021-2025, par le gouvernement, permettra de maintenir la solidité du cadre macroéconomique et renforcer l’environnement des affaires. Aussi, les efforts de bonne gouvernance détermineront-ils la mesure et la vitesse avec lesquelles des progrès réels et palpables pourraient être inscrits sur la voie du progrès économique et social.
Source : www.aip.ci