Un examen mondial sur la dette, la nature et le climat a été officiellement lancé au cours de la COP28 par la Colombie, la France et le Kenya. Objectif : étudier les réformes nécessaires pour assurer la viabilité de la dette des pays en développement face aux besoins liés au changement climatique. Mais en quoi dette et climat sont-ils liés ?
Réaliser la transition énergétique pour limiter le réchauffement climatique, s’y adapter, cela demande des investissements. Encore faut-il pouvoir investir, a souligné Ali Mohamed, émissaire kényan pour le climat, en marge de la COP28 à Dubaï.
« Malheureusement, de nombreux pays, y compris le nôtre, n’ont pas la marge budgétaire nécessaire pour avoir accès à des capitaux qui nous aideraient à être plus résilients et à agir pour le climat. Les marges se rétrécissent. Et en fait, beaucoup de pays sont au bord du défaut. Je pense qu’il y a plus de 54 pays dont la situation est alarmante. Au moins 24 d’entre eux sont en Afrique, mais il y a beaucoup d’autres pays en développement qui sont concernés. Ils ne peuvent pas développer des mesures pour être résilients face aux crises climatiques. »
Des marges budgétaires amoindries à cause des dégâts liés au changement climatique
Moins de résilience, c’est plus de dégâts. Et in fine, ce sont des marges budgétaires qui se réduisent encore. Le Kenya a été confronté en novembre à des inondations dévastatrices. Inondations favorisées par le changement climatique. Selon le World Weather Attribution, il a rendu les précipitations, liées au phénomène El Niño, jusqu’à deux fois plus intenses.
« Un certain nombre de ponts au Kenya, qui ont été construits avec de la dette, ont été détruits par les eaux. Et le Kenya doit emprunter de l’argent pour reconstruire les infrastructures qui ont été détruites à cause des événements météorologiques extrêmes que nous vivons », rappelle Ali Mohamed.
Entrave au développement des énergies renouvelables
Les fonds pour financer reconstruction et dépenses climatiques, lorsqu’ils sont disponibles, le sont à des taux d’intérêts « insoutenables » aux yeux d’Ali Mohamed. Le coût du capital : une entrave, par exemple, au développement des énergies renouvelables, souligne Amos Wemanya, en charge de l’énergie chez Power Shift Africa, basé à Nairobi.
« Les statistiques les plus précises indiquent que le coût du capital en Afrique est six fois plus élevé que dans d’autres régions. Et cela est dû au niveau de risque que présentent les prêts aux pays africains. Mais parfois, certains de ces risques, ne sont pas fondés. Je pense donc qu’un changement dans l’architecture financière mondiale serait une bonne chose. »
L’accord de la COP28 promeut l’augmentation des financements basés sur des subventions ou des prêts hautement concessionnels, c’est-à-dire à des conditions préférentielles. Le Kenya, en avance sur les renouvelables, espère désormais attirer davantage de fonds pour l’adaptation. En 2021, seulement 27% de la finance climatique était dirigée vers l’adaptation, selon l’OCDE.
Source : www.rfi.fr/fr