Ceux d’entre nous qui se rendent à la Mer du Nord le savent bien, si on excepte la marée, il serait bien difficile de constater que le niveau de la mer monte au fil du temps. Certains se fondent sur ce ressenti pour prétendre que le niveau des mers augmente si peu que ça n’a pas d’importance, voire que le réchauffement climatique n’a aucun impact sur le niveau des océans. Dans cette capture d’écran d’un post sur X (anciennement Twitter), un internaute (dont le compte a été supprimé depuis) refuse de croire que la fonte des pôles fera monter le niveau des mers de plusieurs mètres. Il écrit ceci : « Comme si votre pastis allait déborder de son verre à la fonte des glaçons ! »
Nous devons, pour bien comprendre le problème, nous souvenir qu’il existe pour la glace deux types de situation :
- soit il s’agit de glace de mer qu’on appelle aussi banquise (c’est de la glace qui flotte),
- soit il s’agit de glace continentale (c’est de la glace posée sur le sol).
Quand de la glace qui flotte déjà sur une surface d’eau fond, cela ne change rien au niveau de l’eau, tout comme la fonte d’un glaçon d’eau dans un verre ne change pas le niveau de son contenu (sauf si nous buvons le pastis, évidemment…).
Par contre, la fonte de glaces qui sont initialement posées sur le continent déplace l’eau. L’eau s’écoule et finit sa course dans l’océan : le niveau d’eau augmente. C’est ce qui se passe au Groenland, en Antarctique et dans les glaciers de montagne. Cette glace fondue n’a rien à voir avec le glaçon qui se trouve déjà dans mon verre de pastis, parce qu’elle ajoute de l’eau dans mon verre.
Une question de dilatation
Un second effet influence toutefois le niveau de la mer, c’est la dilatation. Plus la température de l’eau est élevée, plus l’eau se dilate, c’est-à-dire qu’elle prend davantage de place. Le niveau monte.
Depuis 1900, le niveau des mers a monté de 2 centimètres tous les dix ans. Pour les plus âgés d’entre nous, il faudrait que nous ayons été très attentifs en faisant des châteaux de sable pendant notre enfance, à Ostende ou Coxyde, pour nous apercevoir, aujourd’hui, que le niveau de l’eau a changé.
Si l’augmentation du niveau des mers est bien réelle, elle est cependant insensible à l’échelle d’une vie humaine. Toutefois, ce n’est pas parce que nous ne pouvons pas nous apercevoir de quelque chose que l’événement n’a pas lieu. Il en est ainsi, malheureusement, de beaucoup de pathologies qui peuvent se développer dans notre corps sans que nous en soyons conscients. En ce qui concerne le niveau des mers, ce qui est préoccupant, c’est que l’augmentation se produit de plus en plus vite, parce que la fonte des glaces s’accélère sous l’effet du réchauffement climatique.
Ce graphique représente la hausse du niveau des mers entre 1993 et 2021. Si le niveau a monté de 2,1 mm par an au cours de la première décennie, il a augmenté de 2,9 mm par an pendant la seconde, et de 4,4 pendant la troisième. C’est un doublement en trente ans. Le niveau des mers monte donc de plus en plus vite.
Ce rythme va encore s’accélérer et une hausse du niveau de la mer de 1m est annoncée d’ici à 2100, c’est-à-dire une augmentation de plus de 10 mm (1 cm) par an. Ceci aura des conséquences dramatiques pour des millions d’êtres humains qui habitent sur les zones côtières, et seront forcés de fuir leur lieu d’habitation ou de s’adapter, mais aussi sur les zones de cultures, de nombreuses productions agricoles et fruitières se situant dans les plaines alluviales.
Source : www.rtbf.be