D’après une étude du Global Carbon Budget publiée mardi, l’action mondiale visant à réduire les combustibles fossiles n’est pas assez rapide pour empêcher un changement climatique dangereux.
« Les dirigeants réunis à la COP28 devront se mettre d’accord sur des réductions rapides des émissions de combustibles fossiles, même pour maintenir l’objectif de 2°C », alerte Pierre Friedlingstein. Le rapport note que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) fossile ont encore augmenté globalement en 2023. Elles s’élèvent à 36,8 milliards de tonnes en 2023, en hausse de 1,1 % par rapport à 2022. Toutefois, dans certaines régions, notamment en Europe et aux États-Unis, les émissions de CO2 fossile diminuent, de 7,4 % en Union européenne, et de 3 % aux États-Unis. A l’inverse, elles sont en hausse de 8,2 % en Inde et de 4 % en Chine.
Les scientifiques expliquent que l’action mondiale visant à réduire les combustibles fossiles n’est pas assez rapide pour empêcher un changement climatique dangereux. Et si les émissions liées au changement d’usage des terres, comme la déforestation, devraient diminuer légèrement, elles restent trop élevées pour être compensées par les niveaux actuels de reboisement et d’implantation de nouvelles forêts. Le rapport estime qu’au total, les émissions mondiales totales de CO2 (fossiles et changement d’usage des terres) atteindront 40,9 milliards de tonnes en 2023, soit qu’à peu près le même niveau qu’en 2022.
À ce rythme, l’étude du Global Carbon Budget estime qu’il y a 50 % de chances que le réchauffement climatique dépasse 1,5°C de manière constante dans environ sept ans. Les scientifiques soulignent « que le budget carbone restant – et donc le temps restant pour atteindre l’objectif de 1,5°C et éviter les pires impacts du changement climatique – s’épuise rapidement ». Philippe Ciais, directeur de recherche au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement et l’un des co-auteurs de l’étude, estime que « tous les pays doivent décarboner leur économie beaucoup plus rapidement qu’ils ne le font actuellement pour éviter les pires impacts du changement climatique ».
L’Accord de Paris signé en 2015 a fixé comme objectif de maintenir l’augmentation de la température moyenne mondiale « bien en dessous de 2°C au-dessus des niveaux préindustriels » et de poursuivre les efforts « pour limiter l’augmentation de la température à 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels ». Pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, les émissions de gaz à effet de serre doivent culminer avant 2025 au plus tard et diminuer de 43 % d’ici 2030.
L’étude Global Carbon Budget est produite par une équipe internationale de plus de 120 scientifiques. Elle fournit une mise à jour annuelle du bilan de carbone planétaire, évaluée par des pairs, s’appuyant sur des méthodologies établies de manière totalement transparente.
Source : www.francetvinfo.fr