A l’occasion du premier Sommet mondial sur la médecine traditionnelle, qui s’est déroulé du 17 au 18 août 2023 en Inde, l’Organisation mondiale de la santé a appelé à une intégration de la médecine traditionnelle et complémentaire dans les systèmes nationaux de santé.
« Premièrement, nous exhortons tous les pays à s’engager, à se pencher sur la meilleure façon d’intégrer la médecine traditionnelle et complémentaire dans leurs systèmes de santé nationaux. Deuxièmement, je vous appelle tous à recenser les recommandations spécifiques, fondées sur des données probantes et concrètement applicables, susceptibles de contribuer à la prochaine stratégie mondiale de l’OMS sur la médecine traditionnelle. Troisièmement, je vous invite instamment à faire de cette réunion le point de départ d’un mouvement mondial visant à libérer le pouvoir de la médecine traditionnelle par la science et l’innovation » a lancé le Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Après avoir salué le rôle de premier plan de l’Inde en médecine traditionnelle, dans le cadre de l’engagement en faveur de la couverture sanitaire universelle, il s’est dit impressionné par la façon dont l’Inde utilise la télémédecine pour fournir des consultations à distance, élargir la prestation de services et permettre aux patients d’économiser du temps et de l’argent en leur épargnant les déplacements. Toute chose qui incarne bien, selon ses propos, la vision en lien avec la santé pour tous. « J’ai également vu comment la médecine traditionnelle est intégrée au niveau des soins de santé primaires, avec un jardin de bien-être dans le centre de santé, où il m’a été proposé de planter du basilic sacré ou Tulsi. L’une des grandes forces de la médecine traditionnelle réside dans la compréhension des liens intimes entre la santé humaine et notre environnement. C’est pourquoi l’Oms est déterminée à aider les pays à libérer le potentiel de la médecine traditionnelle, par l’intermédiaire du Centre mondial de médecine traditionnelle de Jamnagar, que j’ai eu l’honneur d’inaugurer » a-t-il poursuivi.
Selon le Directeur général de l’Oms, la vision est de faire de ce sommet, un événement régulier, peut-être tous les deux ans, afin de proposer un forum mondial reconnu pour le partage des éléments de preuve et des meilleures pratiques dans l’utilisation de la médecine traditionnelle. « La médecine traditionnelle est aussi vieille que l’humanité elle-même.
Tout au long de l’histoire, les peuples de tous les pays et de toutes les cultures ont eu recours à des guérisseurs traditionnels, à des remèdes locaux et à des connaissances médicinales anciennes pour répondre à leurs besoins en matière de santé et de bien-être. Pour la plupart d’entre nous, nous aurons recours, à un moment donné de notre vie, à une forme ou une autre de médecine traditionnelle. Ayant grandi en Éthiopie, un pays doté d’une riche histoire en médecine traditionnelle, j’ai vu de mes propres yeux comment les communautés comptaient sur les praticiens traditionnels pour leurs besoins en matière de santé » a-t-il confié avant d’estimer que la médecine traditionnelle n’appartient pas au passé.
La médecine traditionnelle : une longue histoire !
Tout en admettant qu’il existe une demande qui progresse dans tous les pays, les communautés et les cultures, le Directeur général de l’Oms laisse entendre que la médecine traditionnelle, complémentaire et intégrative est particulièrement importante pour prévenir et traiter les maladies non transmissibles et protéger la santé mentale, ainsi que pour vieillir en bonne santé. Et d’évoquer la longe histoire : « il y a plus de 3500 ans, les Sumériens et les Égyptiens utilisaient l’écorce de saule comme antalgique et anti-inflammatoire. Dans l’antiquité grecque, elle servait à soulager les douleurs de l’accouchement et à guérir les fièvres. Puis, en 1897, le chimiste Felix Hoffmann a synthétisé l’aspirine et le médicament a continué à améliorer et à sauver la vie de millions de personnes chaque jour. De même, la pervenche de Madagascar, qui est aujourd’hui à la source des médicaments contre le cancer de l’enfant, est mentionnée dans le folklore mésopotamien, ainsi que dans l’ayurvéda et la médecine traditionnelle chinoise. Les plantes médicinales comme l’aubépine et la digitale ont été utilisées pour soigner les maladies cardiovasculaires et l’hypertension, et un dérivé de l’igname sauvage mexicaine est l’un des premiers ingrédients actifs des pilules contraceptives. L’Inde a une riche histoire de médecine traditionnelle à travers l’ayurvéda, le yoga compris, qui s’est avéré efficace pour soulager la douleur.
Ayant passé de nombreuses années à mener des recherches sur la transmission du paludisme, j’ai été inspiré par la scientifique chinoise Tu Youyou, qui a tiré parti des connaissances traditionnelles pour permettre au traitement du paludisme de faire un bond en avant…En 1971, l’équipe de Tu Youyou a isolé l’artémisinine, un composé actif de l’armoise annuelle qui était particulièrement efficace dans le traitement du paludisme. L’artémisinine est maintenant la colonne vertébrale du traitement du paludisme » a-t-il déclaré. A l’en croire, la médecine traditionnelle a apporté d’énormes contributions à la santé humaine et son potentiel est gigantesque. « Dans le cadre de ce sommet et du Centre mondial Oms pour la médecine traditionnelle, l’Oms s’emploie à rassembler les éléments factuels et les données nécessaires pour éclairer les politiques, les normes et les réglementations en vue d’une utilisation sûre, rationnelle et équitable de la médecine traditionnelle » a-t-il rassuré.